Matadi : Un réseau criminel démantelé et 5 suspects interpellés

Ils planifiaient, recrutaient, organisaient. Mais avant même de pouvoir passer à l’action, leur rêve de chaos a été réduit à néant. Cinq suspects, dont un ancien militaire de l’unité spéciale « Hibou » et une femme au rôle encore trouble, ont été interpellés mardi 4 février 2025 dans le quartier Salongo, près du marché « Les Copains ». Leur projet ? Mettre sur pied une milice clandestine, armée et formée pour semer le trouble. Heureusement, les forces de sécurité ont frappé avant qu’ils ne puissent concrétiser leurs plans.
Tout a commencé par une alerte lancée par les habitants du quartier Salongo. Des réunions suspectes, des allées et venues inhabituelles, des murmures sur des formations paramilitaires… Les riverains, vigilants, ont tiré la sonnette d’alarme. Grâce à eux, les services de sécurité ont pu agir à temps, déjouant une menace qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques.
Le groupe, baptisé « Département de Protection et Sûreté », opérait dans l’ombre depuis février 2024. Structuré en équipes réparties dans plusieurs localités du Kongo Central : Songololo, Kimpese, Kisonga, Luozi, Mbanza-Ngungu et Kisantu, il recrutait activement des membres en échange de sommes d’argent. Pour 3.000 FC, un candidat obtenait son entrée dans l’organisation. Pour 10 dollars américains, il contribuait à son fonctionnement. Et pour 5.000 FC, il pouvait participer à des réunions où l’on préparait, semble-t-il, des actions dangereuses.
Selon les informations des services de renseignement, les suspects s’apprêtaient à lancer des formations en manipulation d’armes à feu, utilisation de matraques électriques et pilotage de drones de surveillance. Des sessions qui devaient déboucher sur la distribution de matériel militaire. Une perspective terrifiante, qui aurait pu plonger la province dans un cycle de violence. Mais les forces de sécurité ont frappé avant que le premier coup de feu ne soit tiré. « Nous avons agi à temps pour éviter le pire », a déclaré le Major Kinuani, responsable des opérations de renseignement à Matadi.
Présentés ce mercredi 5 février au gouverneur Grâce Nkuanga Masuangi Bilolo, les cinq suspects ont été exposés à la presse, leurs visages fermés trahissant leur inconfort. Le gouverneur, lui, a tenu des propos clairs et percutants :
« Tout mouvement qui n’est pas connu des autorités provinciales reste suspect. La province du Kongo Central ne sera jamais infiltrée. Ouvrez grand les yeux. Nous avons donné le go en équipant notre police. Je pense que ces suspects seront directement amenés à qui de droit pour connaître le véritable motif de leur organisation. »
Il a également insisté sur l’importance de la collaboration entre les services de sécurité, les autorités et la population, ce qui favorise la mise en œuvre de l’opération « Zaba voisin » (connaître son voisin) : « Dénoncez tout mouvement suspect. La sécurité est l’affaire de tous. »
Transférés à Kinshasa pour un interrogatoire approfondi, les suspects vont devoir répondre de leurs actes. Qui les finançait ? Quelles étaient leurs cibles ? Avaient-ils des complices ailleurs dans le pays ? Autant de questions auxquelles les enquêteurs devront répondre.
Les suspects ont été arrêtés dans un contexte de tensions liées à l’agression de l’armée rwandaise et de ses alliés du M23 dans l’est de la République Démocratique du Congo. Face à cette situation, les autorités provinciales appellent la population à rester vigilante. Elles prennent des mesures renforcées pour assurer la sécurité et veiller à ce que ces individus, accusés de menacer l’ordre public, soient rapidement mis hors d’état de nuire et jugés.
Jules – Evans