Le Kongo Central de Guy Bandu prêt à quitter l’opposition ?

Dans deux mois exactement, les congolaises et congolais éliront un nouveau président de la République ou reconduiront Félix TSHISEKEDI pour un deuxième mandat. En attendant la date du 20 décembre, les yeux de nombreux analystes sont tournés vers le Kongo Central, une province qui n’a jamais voté pour un président en exercice.
Depuis les premières élections de 2006, le Kongo Central, avec à sa tête le défunt gouverneur TSASA DI NTUMBA, n’avait pas voté le président en place, Joseph Kabila. Malgré les moyens mis à la disposition de la province par la présidence sortante, Jean Pierre Bemba, candidat de l’opposition, avait été massivement voté dans les 12 circonscriptions électorales de la province nonobstant un hiatus compromettant sur les origines de sa femme.
En 2011, Joseph Kabila revient à la charge. Cette fois-ci il a en face de lui , TSHISEKEDI Étienne, le père de l’actuel président de la République. Kabila doit faire face à une opposition farouche amenée par un Fabrice Puela très déterminé ou encore Né Muanda NSEMI. À l’issue de ces élections , le gouverneur MBATSHI Batshia échoue à faire élire le chef de l’État.
En 2018, Joseph Kabila est président sortant. Il désigne un dauphin, Emmanuel Ramazani Shadary. Les leaders né Kongo sont reçus en grande pompe à Kinshasa et promettent tous en choeur, au cours d’une réunion avec le candidat du Front Commun pour le Congo,la victoire écrasante d’Emmanuel Shadary.
Même promesse est faite par le gouverneur Atou Matubuana qui malheureusement ne réussira pas. Car, Martin Fayulu, le candidat de l’opposition LAMUKA, sera largement élu dans le Kongo Central. Comme les deux précédentes élections, le gouverneur chargé de la campagne du candidat au pouvoir, échoue à faire élire Emmanuel Shadary.
Arrivent alors les élections de décembre 2023. La pression est énorme sur Guy Bandu qui doit faire basculer le Kongo Central dans le rang du pouvoir après trois échecs successifs de ses prédécesseurs. Sur terrain, la situation tourne largement en sa faveur.
Pour la première fois, tous les analystes sont formels, le Kongo Central de Guy Bandu basculera en faveur de Félix TSHISEKEDI. Mais comment en sommes nous arrivés là dans une province souvent hostile au pouvoir en place ? Tentative de réponse
Mai 2022, Guy Bandu est élu gouverneur. Très vite, le nouveau chef de l’exécutif provincial se fait chantre de la vision du chef de l’État. Il promet la victoire du président de la République à la prochaine élection. Pour y parvenir, Guy Bandu instaure d’abord un climat de paix avec l’assemblée provinciale, ensuite avec les différents leaders de la province qu’il reçoit tour à tour au gouvernorat.
Dans les rangs de ces leaders figurent Né Muanda NSEMI. Pour la première fois, on a vu né Muanda Nsemi, d’heureuse mémoire, le leader de Bundu Dia Mayala se rapprocher de l’exécutif provincial, lui qui n’a jamais collaboré avec les précédents gouverneurs.
Afin de soutenir la gratuité de l’enseignement chère au président, Le gouverneur a instauré la prime de gratuité pour les enseignants de l’école primaire. Une façon pour le chef de l’exécutif provincial de soutenir la gratuité de l’enseignement chère au président de la République. À ce jour, il est le seul gouverneur de province à avoir réussi ce pari.
Depuis l’arrivée du gouverneur Guy Bandu, l’opposition a perdu le fil au Kongo Central. On l’a vu récemment avec la tournée de Moïse Katumbi et Martin Fayulu au Kongo Central. Les deux leaders de l’opposition et candidats à la présidentielle n’ont pas réussi à drainer du monde dans une province qui semble déjà acquise à Félix TSHISEKEDI.
Les actions, Guy Bandu en a réalisé autant au Kongo Central et dans les trois ans à venir on pourrait peut être enfin s’en rendre compte. Mais d’ores et déjà, le temps lui, ne l’attend pas. À la fin de cette année, il devra faire mieux que ses prédécesseurs en faisant élire massivement le président de la République au Kongo Central.
Martin SOLO